Manuscrits littéraires et brouillons d'écrivains

Hervé Bazin. La tête contre les murs. Villenauxe-la-grande : Août 1948-février 1949. Rés. D928. Couverture dessinée et peinte par l’auteur

Parmi les différents types d’autographes, les brouillons d’écrivains ont aujourd’hui acquis leurs lettres de noblesse et sont précieusement conservés par les bibliothèques.

 

Ils renvoient à l’histoire littéraire, non pas pour dresser la chronique d’une époque ou d’une école, mais pour retracer la genèse des œuvres. Derrière les biffures, repentirs et ajouts se lisent les moments d’inspiration, de doute et de réflexion. La structure de l’œuvre et l’intention première se dévoilent. On entre dans l’intimité de l’œuvre.

 

La bibliothèque d’Angers possède quelques précieux témoins du travail de l’écrivain. Plusieurs, recueillis dès le milieu du XIXe siècle, répondaient d’abord au goût pour les collections d’autographes de personnes célèbres.

 

La préface de la quatrième édition de Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre montre un texte abondamment remanié. A l’inverse Les Harmonies poétiques de Lamartine (ci-dessous), qui ne présentent plus que quelques rares corrections, sont une patiente mise au net autographe avant envoi à l’éditeur. Cette copie a été donnée par Charles Gosselin à François Grille, second conservateur de la bibliothèque (1838-1848) avec deux autres manuscrits de Lamartine, dont un de son discours pour l’abolition de l’esclavage prononcé lors d’un banquet à Paris le 10 mars 1842.

Alphonse de Lamartine. Harmonies poétiques. [ca 1830] Rés. Ms. 565

 

Les collections de manuscrits de la Bibliothèque contiennent plusieurs œuvres littéraires oubliées du XIXe siècle, comme celles écrites par François Grille lui-même ou Julien Dallière. Les poètes régionalistes ou patoisans du début du XXe siècle comme Auguste Pinguet, Charles Berjole, Anatole Verrier, René Onillon, Henry Cormeau, François Simon, Marc Leclerc ont régulièrement donné leurs manuscrits à la Bibliothèque.

 

La Bibliothèque conserve enfin une œuvre majeure de la littérature française du XXe siècle, La tête contre les murs d’Hervé-Bazin (1911-1996) (voir ill. en haut). Document unique avant les éditions successives, tapé à la machine avec des corrections et des ajouts manuscrits, c’est à la fois un objet intellectuel, sujet de recherche pour les chercheurs, et un objet esthétique.