Les livres d'heures

Le livre d'heures est un recueil de textes religieux destiné aux laïcs pour leur dévotion personnelle.

 

Apparu au XIIIe siècle il se répand surtout à la fin du Moyen-Âge. Il s'agit d'un objet luxueux, manuscrit richement enluminé tout d'abord, puis également imprimé à partir de la fin du XVe siècle.

 

Des livres de petite taille mais richement ornés, qui accompagnaient les fidèles dans leur vie quotidienne. En fonction de leur fortune les commanditaires se faisaient faire un livre plus ou moins individualisé. Les princes faisaient appel à des peintres réputés et se faisaient parfois représenter sur une des miniatures ou faisaient apparaître leur armes.

 

Le terme livre d'heures vient de la présence des prières des heures canoniales qui étaient utilisées par les croyants pour les huit prières de la journée (de matines à complies). On trouve presque toujours un calendrier des douze mois de l'année, permettant de retrouver les célébrations communes à tous les chrétiens ainsi que les fêtes des saints locaux. Ces derniers permettent souvent de rattacher un livre d'heures à une région. Saint Aubin est une figure principalement célébrée autour d'Angers par exemple. Les autres textes que l'on retrouve majoritairement dans ces livres sont les Evangiles, les Heures de la Vierge, les Heures de la Croix, les psaumes de la Pénitence, l'Office des morts, les litanies ou suffrages des saints.

 

Souvent possédés par des femmes (mais pas seulement), ils présentent une grande variété des compositions, les peintres faisant preuve de beaucoup d'innovation malgré une iconographie qui varie peu toutefois. Ces livres sont souvent des cadeaux précieux pour des fiancailles ou des mariages et ils sont conservés dans la famille d'une génération à l'autre. On trouve parfois au début ou à la fin de ces livres des feuillets ajoutés au fil du temps et que l'on appelle le livre de raison. Les différents possesseurs du livre ont inscrit sur ces pages les faits et dates des grandes cérémonies familiales (naissances, baptêmes, mariage, décès). Le livre de dévotion privée nous informe alors sur l'histoire d'une famille.

 

 

La bibliothèque municipale d'Angers conserve quelques beaux exemplaires de ces livres d'heures. À commencer par le livre d'heures du maître de Jean Charpentier (Rés. Ms. 2048), du nom de son commanditaire, un notaire et secrétaire royal, futur maire d'Angers. Ce livre était à l'usage de Rome, réalisé vers 1485 sur parchemin et peint par un enlumineur ou atelier de Touraine influencé par le style de Jean Bourdichon et par les compositions de Jean Fouquet. Acheté en 1976 ce manuscrit a permis de caractériser le style d'un peintre connu à qui l'on attribue actuellement une vingtaine de manuscrits peints dispersés dans le monde, notamment un livre d'heures à l'usage de Tours conservé à la Pierpont Morgan Library.

 

Nous conservons certains livres spécifiquement à l'usage d'Angers, tel que le Rés. Ms. 2111, acheté en 2007. Il s'agit d'un livre d'heures réalisé dans les années 1510-1520, probablement en Touraine, et dont les peintures sont attribuées au maître de Claude de France. L'usage pour la ville d'Angers est attesté par la présence de saint angevins dans le calendrier, tels que Maurice, Maurille et Aubin. Moins orné en terme de miniatures, les heures à l'usage d'Angers, achetées en 1996 chez Sotheby's offrent cependant une ornementation des marges très riche (Rés. Ms. 2104). Il s'agit d'une réalisation angevine du milieu du XVe siècle.

 

Nous connaissons le possesseur d'un de ces livres d'heures du XVe siècle (Rés. Ms. 2047) grâce à une représentation du commanditaire, une jeune femme en robe rose agenouillée devant une piéta sur l'une des onze peintures. Son identité n'est pas encore totalement certaine mais les armes peintes en bas de page la rattachent à la famille Clermont-Gallerande.

 

Dès le 16e siècle vont se diffuser des livres d'heures imprimés. Comme survivance d'une pratique médiévale ces premiers imprimés seront bien souvent sur parchemin et non pas sur papier, ainsi qu'enluminés à la façon des manuscrits. Texte et images sortaient imprimés des presses et les peintres peignaient les illustrations dans un second temps, faisant de chacun de ces exemplaires reproduits un objet unique. C'est le cas des Heures à l'usage de Rome (Rés. ST 0297), livre imprimé au 16e siècle, entièrement enluminé mais présentant malheureusement des lacunes. Les Heures à l'usage d'Angers imprimées par Simon Vostre en 1510 sont sur vélin et présentent 13 gravures sur bois pleine page réalisées par Jean Pichore.