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La Bibliothèque municipale d’Angers en possède 117 (voir la liste), principalement issus des bibliothèques des anciens couvents religieux d’Angers confisquées à la Révolution. Le plus bel ensemble provient du couvent de la Baumette fondé en 1452 par le roi René. Deux incunables ont été offerts à la bibliothèque de cet établissement par le roi René, le Psautier de Mayence (ms. 20) et une édition bâloise du Livre des propriétés des choses (Rés. BL 3261) de Barthélémy l’Anglais. Deux autres viennent également de la bibliothèque de l’évêque d’Angers Jean de Rély (1430-1499).
Le Psautier de Mayence est assurément le livre imprimé le plus prestigieux de la bibliothèque.
Ne subsistant plus qu’en dix exemplaires au monde, ce véritable monument de l’histoire du livre est le premier livre imprimé après la fameuse Bible de Gutenberg. Il est sorti à Mayence, le 14 août 1457, des presses de Johann Fust et de Peter Schöffer, deux anciens collaborateurs de Gutenberg, respectivement son financier et son typographe. Cet ouvrage luxueux, imprimé sur vélin, manifeste la volonté des premiers imprimeurs d’égaler les manuscrits enluminés de l’époque. En effet, de superbes lettrines composées de deux parties encrées séparément avant emboîtage, permettent de réaliser une impression en trois couleurs, bleu, rouge et noir. C’est là une véritable prouesse technique que n’avait pas su maîtriser Gutenberg et à laquelle renoncent les imprimeurs qui se répandent en Europe à partir de 1460.
Quelques grands in-folio comme La Mer des histoires et la célèbre Chronique de Nuremberg, les premières impressions romaines, parisiennes (1471-1472) et angevine — une Coutume d’Anjou réalisée en 1476 par l’imprimeur itinérant Jean de La Tour — montrent la diversité des œuvres, des sujets et des provenances de ces premières collections imprimées.
Le choc culturel que constitue le passage progressif au livre en papier et à l’illustration gravée en noir et blanc entraîne des résistances dont la Bibliothèque municipale d’Angers conserve de très beaux témoins. Ainsi en est-il de cet almanach et encyclopédie populaire qu’est le Kalendrier des bergiers (Rés SA 3390), imprimé à Paris en 1493 sur vélin, entièrement illustré de gravures sur bois dont la majorité a été rehaussée de peintures.