Le fonds de livres imprimés patrimoniaux

Les collections d’imprimés de la bibliothèque se composent de 75 000 livres antérieurs à 1950, dont 40 000 environ antérieurs au XIXe siècle.

 

Certains auteurs ont estimé que 50 000 volumes avaient été confisqués à la Révolution. Mais, au cours du premier quart du XIXe siècle, deux tiers d’entre eux ont été vendus, restitués ou dispersés pour créer d’autres bibliothèques dans le département.

 

L’acquisition par la Ville en 1851 de la majeure partie des collections privées du premier conservateur de la bibliothèque, Toussaint Grille, a constitué le plus important enrichissement des collections.

 

Depuis, les acquisitions courantes de la bibliothèque et quelques achats réguliers plus prestigieux, des dons et legs d’Angevins n’ont cessé de développer cet ensemble. 

Leonhart Fuchs, De historia stirpium, 1542. Rés. SA 1898

 

 

La loi de 1943 faisant obligation à tous les imprimeurs de la région de donner un exemplaire de leurs publications à la bibliothèque d’Angers au titre du dépôt légal constitue une autre voie importante de constitution des collections patrimoniales. Près de 180 000 volumes postérieurs à 1943 ont été déposés de cette façon. Ils constituent la mémoire régionale de toute une profession et façonnent les collections patrimoniales de demain.

 

Plus de 7 000 de tous ces ouvrages présentent des caractères de grande rareté ou de préciosité qui justifient leur conservation dans la salle de la Réserve des fonds précieux, aux côtés des manuscrits et des incunables. Comme pour les collections générales, ces ouvrages couvrent tous les domaines de la connaissance et touchent tous les types de publics, des ouvrages pour enfants ou des publications éphémères aux traités les plus pointus en passant par les éditions soignées à l’usage de l’honnête homme ou des bibliophiles. A travers ces collections, se trouve illustrée toute l’histoire du livre et de l’édition, de la mise en page, de l’illustration et de la reliure.

 

Parmi ces trésors, le De historia stirpium du médecin bavarois Leonhart Fuchs (1501-1562) paru en 1542 (ci-dessous) constitue un tournant dans l’histoire du livre de botanique.

Leonhart Fuchs, De historia stirpium, 1542. Rés. SA 1898

 

Synthèse des observations de Fuchs et de ses prédécesseurs, l’ouvrage décrit et classe plus de cinq cents plantes. Fuchs accorde une attention toute particulière à la représentation des plantes qui, pour la première fois, devient véritablement scientifique. Il publie en fin de volume un portrait des trois graveurs et peintres qui ont réalisé l’illustration d’après nature, peignant chaque gravure dans l’atelier, avant la mise en vente, en suivant des consignes de l’auteur.

 

Le De sphera de Thomas Blebel (1539-1596) paru en 1582 (n° 3) est l’unique exemplaire connu dans les collections publiques françaises d’un manuel scolaire d’astronomie et de cosmographie. Trois des nombreuses gravures sur bois qui illustrent l’ouvrage sont complétées de systèmes mobiles manuscrits qui servent à démontrer que la terre est ronde, à expliquer les éclipses et les méthodes des Anciens pour calculer la course des signes du zodiaque.

Thomas Blebel, De sphera, 1582. Rés. SA 1158, p. 74-75

 

Jacques Gautier Dagoty, Myologie complète en couleur et grandeur naturelle composée de l’essai et de la suite de l’essai d’anatomie, en tableaux imprimés. Paris, 1746.  Rés. SA 2602

Le livre de l’époque moderne est, sauf rare et luxueuse exception ou expérience assez aléatoire, un livre illustré en noir et blanc.

 

Les gravures anatomiques de Jacques Gautier Dagoty (1716-1785) (ci-contre) présentent les premiers essais en France de gravure en trichromie selon une technique de décomposition de toutes les couleurs en superposition des trois couleurs primaires, dérivée d’une géniale mais trop coûteuse invention de l’Allemand Jacob Christophe Leblon. Malgré son manque de rigueur scientifique, cette encyclopédie anatomique diffusée en fascicules périodiques connaît un certain succès, mais aucune postérité avant la mise au point de techniques de gravures au XIXe siècle capables de renouveler l’art de l’illustration.