Trésor du mois : Cartographier le monde au XVIe siècle
Le 05/12/2019 à 13h11 par Susana Pereira Tavares
Résumé

En écho à l’exposition Cartes d’Anjou présentée aux Archives départementales de Maine-et-Loire du 25 novembre au 27 mars 2020, la Bibliothèque municipale vous propose de découvrir deux livres de notre fonds ancien.

 

La Cosmographie de Sebastian Münster est une compilation encyclopédique héritière de la vision géographique de Strabon et de la redécouverte des théories de Ptolémée au XVe siècle. La volonté de Münster (1489-1552), humaniste allemand, est de décrire le monde dans tous ses aspects : rendre compte des caractéristiques topographiques d’un lieu mais aussi de ses réalités naturelles et culturelles. On y trouve des cartes, des vues des principales villes, mais aussi des planches illustrant les modes de vie de l’époque, des éléments généalogiques, zoologiques ou botaniques. Cette somme d’informations offre au lecteur du XVIe siècle une vision extraordinaire sur le monde. L’occasion de découvrir tous les continents, et même l’Amérique en tenant compte des récentes explorations. L’ouvrage évoque aussi les légendes locales et les récits mythologiques. Parce qu’ils sont encore méconnus et mystérieux, les océans et les terres lointaines d’Amérique, d’Asie ou d’Afrique sont habités par des monstres et porteurs d’une imagerie exotique et fantastique.


Cet ouvrage connaît un succès considérable dans toute l’Europe, c’est l’un des piliers de la connaissance de l’époque. Et même s’il est signé par Münster il s’agit d’une œuvre collective monumentale car plus de 120 collaborateurs y ont participé. Ecrit en allemand en 1544 il est rapidement traduit en latin, en italien et en français dès 1552. Les différentes éditions augmentées au fil des décennies ont largement participé à la diffusion d’une culture géographique commune en Europe. Angers n’y est pas citée et bien que le livre offre une large vue de Paris et décrive de nombreuses autres villes, la France n’occupe qu’une faible place dans cet ouvrage encyclopédique.

 


Nous avons ouvert le livre sur une carte de l’Europe inversée, le sud présenté en haut de page. En effet le placement du Nord en haut d’une carte et du Sud en bas est une convention choisie par les cartographes à la Renaissance. Cette vision peut déstabiliser notre œil mais en Australie ce type de carte inversée a été largement utilisé afin de valoriser leur emplacement.

 

Quelques détails de cette Cosmographie :

 

Carte du continent de l’Amérique (Isles Neusves)

 

 

Monstre de Cracovie (gauche) - Habitants de contrées lointaines : sciapode, cyclope, blémmye, homme à tête de loup (droite)

 


Monstres des Océans


Ces vues cartographiques firent autorité jusqu’à la publication du Theatrum Orbis Terrarum d’Abraham Ortelius en 1570, considéré comme le premier atlas, que nous vous présentons également.


Le Théâtre de l’Univers est l’œuvre d’un cartographe flamand, Abraham Ortelius (1527-1598). Il est le premier à réunir en un seul livre et même format des cartes de toutes les régions de la planète. Immense succès immédiat, l’atlas est réimprimé dès 1570 et traduit en latin, français, néerlandais, allemand et espagnol et connaît plus 31 éditions, chacune augmentée de nouvelles cartes (de 53 à 167 cartes en moins d’un siècle). Somme des connaissances de l’époque, son auteur recueille directement les dernières données géographiques auprès d’explorateurs et scientifiques contemporains tels que Luis Teixeira ou Gérard Mercator. La carte du monde, intitulée Typus orbis terrarum qui ouvre le livre est la plus connue et a eu un impact considérable : malgré des inexactitudes, il s'agit de la première carte représentant le globe terrestre avec les dernières données sur la taille et la forme des continents.

 

Exemple de carte peinte à la main © Library of Congress.


C’est dans l’édition de 1579 de ce livre qu’est insérée l’une des premières cartes de l’Anjou dessinée par l’Angevin Lézin Guyet et gravée par Gabriel Tavernier.

 


Certains de ces atlas conservés dans d’autres collections ont été peints à la main dans un second temps, ce n’est pas le cas de cet exemplaire.

 

Références des deux livres exposés :

La Cosmographie universelle recueillie de chasque bon autheur et approuvé, tant des historiens, comme de ceux qui ont descrit les lieux particuliers / Sebastian Münster
Bâle : Henri Pierre, 1556
HR C0480 


Théâtre de l'Univers, contenant les cartes de tout le monde, avec une briève déclaration d'icelles / Abraham Ortelius
Anvers : imprimerie Plantiniane, 1598
Rés. H 185

 

Pour en savoir plus :

L'exposition « Cartes d’Anjou » des Archives départementales de Maine-et-Loire à découvrir ici.

Une sélection de documents empruntables à la Médiathèque Toussaint sur le sujet.

D'autres documents numérisés sur Commulysse sur ce thème.

 

Trésor du mois à découvrir dans le hall de la Médiathèque Toussaint du 5 décembre 2019 au 8 janvier 2020.

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