Trésor du mois : une vue d'Angers vers 1650
Le 28/09/2018 à 13h38 par Marc-Édouard Gautier
Résumé

La Maine, le château et la cathédrale. Quelle vue ancienne d'Angers a-t-elle été choisie pour illustrer le bandeau de la page d'accueil de Commulysse ?

Vue d'Angers par Mariette

La vue du vieil Angers choisie pour illustrer le bandeau de page d'accueil de Commulysse est un détail tiré d'une large gravure panoramique en couleur de 83 cm de long et 21 cm de haut.

 

Elle est conservée dans un album factice (Rés. Ms. 1047, entièrement numérisé) créé par le conservateur François Grille avant 1848 pour rassembler les premières collections iconographiques de la bibliothèque. On y trouve des estampes de portraits d'Angevins célèbres, des cartes d'Anjou, des plans et dessins de villes ou monuments du département ainsi que les toutes premières photographies des années 1850 conservées par la Ville.

 

Une vue précise, dessinée sur place
Une analyse précise de cette gravure a été réalisée par François Comte, conservateur en chef au Musée des Beaux-Arts d'Angers et archéologue de la Ville d'Angers, dans son ouvrage sur les Vues et plans d'Angers, l'image de la ville à l'époque moderne (1561-1813), dont il a autorisé l'édition numérique sur Commulysse et la présentation de larges extraits dans cet article.

  

« Cette vue panoramique est l’archétype des vues d’Angers. Prise depuis les prairies d’Alloyau, elle nous montre un large panorama qui se rétrécie au centre de la Maine et est centrée sur la cathédrale et le château. Ce point de vue désormais classique est encore représenté par les artistes locaux.

(...)

L’élément le mieux mis en valeur est la Maine qui apparaît en crue. Hormis un berger avec ses deux chèvres, ce sont les activités liées à la rivière qui sont les plus présentes. On y voit un pêcheur et quelques barques dont certaines sont sans doute des bacs qui pallient les difficultés d’encombrement sur le pont. Le dessinateur, contrairement à la plupart des vues du même genre ne privilégie pas les grands monuments (...). L’impression de la topographie générale du site est bien rendue avec la Cité, le coteau de l’Evière ainsi que le Tertre Saint-Laurent dans la Doutre.

 

 

 

 

 

 

 

La Doutre (détail). De gauche à droite: le Tertre Saint-Laurent, l'abbaye du Ronceray, l'église de la Trinté, la tour Guillou et le pont des Treilles.

 

Les détails architecturaux plutôt fidèles concernant le système de défense de l’entrée de la ville avec la tour Guillou reliée à l’enceinte par des arches comportant des herses, le bastion de la Basse-Chaîne et entre eux une série de pieux laissant un étroit passage. De l’enceinte médiévale, on distingue aussi la porte Saint-Nicolas (à gauche) avec sa barbacane et pont-levis. En somme, (...) le dessin semble plutôt réaliste et effectué par un artiste qui est venu sur place » (F. Comte).

 

 

La Doutre.

Porte Saint-Nicolas

(détail).

 

La gravure révèle encore avec force détails l'élévation du château face à la Maine. L'aile d'apparat et la grande salle comtale aujourd'hui en ruine s'élèvent sur trois niveaux laissant à peine dépasser les toits du logis royal et de la chapelle.

Le château et la cathédrale d'Angers (détail).

 

Un témoin des crues de 1650 ou 1651

François Comte en identifiant les auteurs de cette gravure a pu en proposer une datation assez précise. Le dessinateur est Louis de Linclerc, auteur de plusieurs vues de villes dessinées sur place « ad vivum » et contrôleur des bâtiments royaux. Il a sans doute dessiné cette vue d'Angers lors des grandes crues de 1650 ou de 1651, avant que les eaux n'emportent les maisons du pont des Treilles. Le graveur est François Collignon (1610?-1687) qui fut quatre ans l'apprenti de Jacques Callot et devint plus tard marchand de gravures à Rome. Le troisième signataire est Pierre Ier Mariette (1596-1657), fondateur d'une importante dynastie d'éditeurs d'estampes à Paris. Collignon réside un temps chez ce dernier en 1652, année probable de la publication de la gravure.

 

Pour aller plus loin

François Comte, « Vers 1650, Andegavum-Angers par de Linclerc et Collignon », dans Vues et plans d'Angers, l'image de la ville à l'époque moderne (1561-1813), Angers, 2000 (2e éd.), pl. 26.

 

Astuce de navigation

En feuilletant sur Commulysse l'album Rés. Ms. 1047 où est conservée cette gravure, vous pouvez accéder à la table des matières du volume. Cliquez sur le bouton  placé en haut à gauche de l'image. Les légendes de toutes les illustrations du volume apparaissent dans la colonne de gauche. Une fenêtre vous permet d'y faire une recherche plein texte.

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  • Très intéressant.
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