À l'occasion du week-end Séduction (9-11 juin 2023), la bibliothèque municipale d'Angers présente un petit panorama des mille et une manières de séduire au fil des siècles.
Mars et Vénus, fresque d'une villa pompéienne, entre 40 et 79 après J.-C.
L’art d’aimer, d’Ovide, traduction en vers, avec des remarques.
Par M. de Saintange, Paris, Giguet et Michaud, 1807
BL 1889
Destiné aux hommes comme aux femmes, L’art d’aimer est conçu comme un véritable traité de la séduction amoureuse. Ovide y prodigue ses conseils pour attirer, conquérir et transformer sa conquête en amour durable, grâce à diverses « techniques » (signification du terme ars en latin).
Son texte, paru aux environs de l’an 1 après J.-C. (règne de l’empereur Auguste), est ici publié dans une traduction en vers signée Ange-François Fariau de Saint-Ange (1747-1810), « distingué plus particulièrement comme habile et laborieux interprète d’Ovide » (La France littéraire, 1836).
"Si vous ignorez l'art de plaire et de charmer,
Venez à mes leçons ; j'enseigne l'art d'aimer.
L'art gouverne un vaisseau sur l'orageuse plaine ;
L'art guide un char léger qui vole dans l'arène ;
Rien, pas même le coeur ne se règle au hasard :
Le coeur est un mystère, et l'amour a son art."
L’art de plaire dans la conversation.
Seconde édition reveüe & augmentée de divers entretiens [par Pierre Ortigue de Vaumorière],
Paris, Jean Guignard, 1691
SA 584
Élevée au rang d’un art, la conversation est au centre de la vie mondaine des XVIIe et XVIIIe siècles en France. Ses codes se sont diffusés dans l'ensemble de la société éclairée et ont largement influencé la littérature. Celui qui s’y livre doit, pour séduire par la parole, se conformer à un certain nombre de règles concernant à la fois le vocabulaire, la diction, le comportement, les sujets abordés. L’ouvrage de Pierre de Vaumorière (1610 ?-1693) se présente ainsi, à travers ses 24 Entretiens, comme un véritable manuel d’apprentissage qui permet au lecteur d’en maîtriser toutes les subtilités.
Les égaremens du coeur et de l'esprit,
ou Mémoires de Mr. de Meilcour, [par C. P. de Crébillon fils], Paris, Prault fils, 1739
BL 2578
Roman d’analyse, le texte décrit une initiation amoureuse qui est en même temps un apprentissage social. Monsieur de Meilcour, le narrateur, se souvient de ses débuts dans le monde à l’âge de 17 ans, et des deux semaines décisives qui ont fait de lui un adulte. Toute l’intrigue est fondée sur les rencontres faites par le jeune homme alors en quête de l’amour absolu mais aussi du plaisir, déployant d’habiles stratégies de séduction. Parmi les quelques personnages qui sont au centre du récit évolue le libertin Versac, préfiguration du Valmont des Liaisons dangereuses.
Restés inachevés, Les Égarements connaissent plusieurs rééditions au XVIIIe siècle, avant de passer de mode puis d’être oubliés. L’œuvre de Crébillon fils (1707-1777), redécouverte à partir des années 1960, est aujourd’hui considérée comme emblématique de la littérature des Lumières.
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Séduction par le vêtement et la parure
Costumes parisiens de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe,
ouvrage commencé le 1er juin 1797 [par Pierre de La Mésangère, et continué jusqu'en 1832]
Rés. B 50085
Modèles de chapeaux et capotes pour l‘an XII (1803-1804).
L’Album. Journal des arts, des modes et des théâtres. Paris, 1821
Rés. H 5413
Le commentaire de la gravure précise : « Mettez-vous exactement comme l’indique la gravure que nous donnons aujourd’hui, et votre toilette sera celle des gens de la meilleure compagnie ».
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Le diable à Paris. Paris et les Parisiens : moeurs et coutumes, caractères et portraits des habitants de Paris, tableau complet de leur vie…, [texte de MM. de Balzac, E. Sue, G. Sand, et al.] ;
séries de gravures avec légendes par Gavarni... vignettes par Bertall...,
Paris, Hetzel, 1845
Rés. C 19460
Bertall croque d’un trait malicieux les bals en plein air, lieux de rencontres et de distraction plébiscités par les Parisiens, qui fréquentent particulièrement les bals de barrière. Ceux-ci, situés au-delà des limites de l’octroi, ne sont, de ce fait, pas soumis à la taxe sur les boissons, tels le bal de la barrière Montparnasse ou celui de la Grande-Chaumière, propriété du père Lahire.
« Moyens de séduction : le fin petit verre avec bain de pied ; la Citadine ou Lutécienne [voiture de place fermée], ad libitum, pour le retour ».
Dom Juan ou Le festin de pierre, comédie. Molière, illustrations de Maurice Pouzet,
Paris, Éditions Arc-en-Ciel, 1954
B 95514
Archétype du séducteur, le personnage de Don Juan est né de la plume de l’Espagnol Tirso de Molina, qui en 1630 le met en scène pour la première fois dans sa pièce El Burlador de Sevilla y convidado de piedra [Le trompeur de Séville et l’invité de pierre].
L’artiste angevin Maurice Pouzet (1921-1997) accompagne ici de ses gravures ironiques la comédie de Molière, dont il illustre les œuvres complètes de 1953 à 1955.
Éperdûment, valse lente, musique de F. D. Marchetti, Paris, Hachette et Cie, 1907
Captivante, valse lente,
musique de F. D. Marchetti, paroles de M. de Féraudy, Paris, F. D. Marchetti, 1908
Compositeur puis éditeur de musique, Fermo Dante Marchetti (1876-1940) doit sa notoriété à la valse lente Fascination, devenue valse chantée sur des paroles de Maurice de Féraudy (1859-1932). Son succès ne s’est pas démenti depuis la Belle Époque.