Trésor du mois : Livres de botanique du 16e siècle
Le 28/06/2022 à 15h23 par Marie-Luce Fabre
Résumé

L’année 2022 marque le 500e anniversaire de la naissance de Joachim du Bellay et fera date pour le végétal à Angers, qui accueille au mois d’août le Congrès international horticole.

En écho, la Bibliothèque municipale expose plusieurs éditions remarquables d’étude et de description des plantes au 16e siècle.

Jusqu’à la fin du 15e siècle, la connaissance des plantes relève de connaissances pratiques utiles à la pharmacopée et à l’agriculture. Le Moyen Âge reste fidèle à l’orientation médicinale des auteurs antiques.

Tout s’accélère à la Renaissance. L’observation des plantes du nord de l’Europe, ignorées de l’Antiquité méditerranéenne, et la découverte du Nouveau Monde imposent l’établissement de nouveaux catalogues de plantes comme ceux de Jean de Ruel (1479-1537), médecin de François Ier, ou de Mattioli (1501-1577). L’enseignement de la botanique dans les facultés de médecine et la constitution d’herbiers sont la source d’importants progrès. La pensée humaniste prône l’observation du vivant, la description et l’interprétation. Elle trouve son application dans les œuvres de Tragus (1498-1554), Brunfels (1489-1534), Fuchs (1501-1566), Clusius (1526-1609), Dodoens (1518-1585) ou de L’Obel (1538-1612), tous médecins. Leurs traités, grâce au succès de l’imprimerie et de la gravure, s’enrichissent d’innombrables figures de plantes qui seront parfois copiées jusqu’au 18e siècle.

 

 

 

 

Otto Brunfels, Herbarum vivae eicones..., Strasbourg, 1531-1536

Rés. SA 1923

 

 

O. Brunfels est un théologien luthérien allemand né à Mayence en 1488. Il obtient son titre de médecin à Bâle en 1530 et devient le médecin de la ville de Berne jusqu’à sa mort en 1534.

Son ouvrage de botanique publié en trois parties de 1531 à 1536, constitue un véritable progrès, moins par le texte écrit en latin et inspiré du De la matière médicale de Dioscoride, médecin de Néron, qui a inventorié plus de cinq cents espèces et qui a fait autorité pendant plus de 1 500 ans, que par les illustrations, véritables dessins scientifiques réalisés à partir de spécimens collectés dans la région de Berne et organisés en fonction de la valeur médicinale de la plante. Cette première édition compte cent trente-cinq espèces dessinées d’après nature, comme l’indique le titre, par Hans Weiditz, élève de Dürer. C’est l’ouvrage fondateur de la botanique moderne.

 

 

 

 

Leonhart Fuchs, De historia stirpium..., Bâle, 1542

Le pavot

Rés. SA 1898

 

L’herbier de Fuchs est encore plus remarquable par la part faite à l’illustration. Toutes les figures ont été dessinées d’après nature, puis gravées sur bois. Il contribue aux progrès de la botanique par la réutilisation de ses illustrations dans toute l’Europe au cours des siècles suivants. Fuchs insiste sur la méthode de gravure qui doit éviter les ombres pour ne pas entraîner de déformation de la forme naturelle de la plante. Il collabore étroitement avec ses illustrateurs et montre la place exceptionnelle qu’il leur accorde en les représentant en situation à la fin du volume. L’édition originale compte cinq cent dix bois gravés par Rudolph Speckle d’après les dessins de Heinrich Füllmaurer et Albrecht Meyer. L’exemplaire de la Bibliothèque d’Angers est entièrement en couleur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leonhart Fuchs,

De historia stirpium..., Bâle, 1542

Portrait des dessinateurs et du graveur

Rés. SA 1898

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pietro Andrea Mattioli, médecin naturaliste italien né à Sienne (1501-1577) publie à Venise en 1554 la première édition en latin d’un commentaire De la matière médicale de Dioscoride, médecin grec du 1er siècle après J.C. dont les copies se sont succédé tout au long du Moyen Âge. Mattioli fait, lui, œuvre personnelle et originale en décrivant les plantes qu’il connaît. Son traité de médecine, six livres en un volume de 1 527 pages, décrit plus de 1 200 plantes à usage médical et est illustré de plus de cinq cents figures dans le texte, toutes en couleur ; les plantes sont montrées dans leur ensemble (branches d’arbres avec fleurs ou fruits).

 

 

 

Dioscoride, Pietro Andrea Mattioli

I Discorsi di... nei sei libri di Pedacio Dioscoride Anazarbeo della materia medicinale

Venise, 1568

Rés. C19518

 

Les dessins de Giorgio Liberale (1527-1579) gravés sur bois par Wolfgang Mayerpeck (actif de 1500 à 1578) sont à la fois d’une remarquable précision et d’un bel effet décoratif. De nombreuses éditions corrigées et augmentées sont publiées : par exemple dans cette édition de 1568, on peut lire la description de la noix de muscade, plante exotique nouvellement introduite en France. Cette magnifique édition en provenance du legs Germain est un des trésors de la bibliothèque d’Angers.

 

Partagez cet article
Commentaires

Seuls les utilisateurs identifiés peuvent laisser un commentaire.

Me connecter à mon compte

Billets proches

Aucun billet trouvé