"L'écriture est un dessin" : hommage à Jean Cortot
Le 02/01/2019 à 15h40 par Alain Terrienne
Résumé

Plusieurs œuvres originales du peintre Jean Cortot, membre de l'Académie des Beaux-Arts décédé le 28 décembre 2018, figurent dans les collections de la bibliothèque d'Angers, grâce à la donation du peintre Julius Baltazar. Elles témoignent d'une réflexion sur la calligraphie comme geste artistique au sein du tableau ou de la gravure.

Disparu le 28 décembre dernier à l'âge de 93 ans, le peintre Jean Cortot (1925-2018) a exploré dans son œuvre une forme de symbiose entre écriture et peinture. Abolissant la frontière entre le tableau et le poème, il a partagé son espace de peintre avec de nombreux amis poètes : Jean Tardieu, Michel Butor, André Frénaud, Michel Déon, Pierre-André Benoit et bien d'autres. Il avait succédé à Olivier Debré à l'Académie des Beaux-Arts en 2001 et avait été promu commandeur des Arts et Lettres.

 

Jean Cortot (accroupi) devant Michel Butor, Julius Baltazar et Bertrand Dorny, à Bruxelles, le 29 novembre 1986, à l'occasion de l'exposition de Julius Baltazar à la Bibliotheca Wittockiana. [Rés. PH 086 (03)]

 

Le peintre Julius Baltazar a fait entrer, par sa donation en 2015-2018, dans les collections de la bibliothèque municipale d'Angers 20 livres d'artistes, affiches et manuscrits ornés par Jean Cortot. Consultables en salle d'étude à la bibliothèque Toussaint, plusieurs y seront présentés lors de l'exposition en l'honneur de la donation de Julius Baltazar pendant l'été 2019.

 

La collaboration entre les deux artistes a commencé dès 1979 grâce au galeriste parisien André Biren (1935-2008). Chacun réalise, aux côtés d'André Marfaing, Raoul Ubac et Bertrand Dorny, une gravure pour le recueil de poèmes de Guy Marester, Fini rêver (Angers, bibl. mun., Rés. B50513).

Gravure de Jean Cortot pour le poème VIII de Guy Marester dans Fini rêver, Paris : Galerie André Biren, 1979. [Rés. B50513]

 

Les graphes de Cortot se veulent encore abstraits dans ce livre, à l'inverse des vers calligraphiés qui accompagnent en marge les gravures de six autres livres réalisés par la suite avec Baltazar.

Guillevic. Texte de Georges-Emmanuel Clancier, frontispice de Julius Baltazar et Jean Cortot. Ed. Coquecigrues, 2000. [Rés. A31960]

 

Il n'est temps d'aucune heure. Texte de Philippe Delaveau, gravures de Julius Baltazar, graphies de Jean Cortot. Ed. Laure Matarasso, 2008. [Rés. C19956]

 

La symbiose entre les œuvres des deux peintres atteint son sommet dans les huit placards ou "tableaux-poèmes" - ainsi qu'aimait à les appeler Cortot - qui figurent dans la donation. Sur un simple feuillet de papier, Cortot calligraphie comme autant d'éclairs ou bourrasques nouvelles des vers de leurs amis Eugène Guillevic, Gaston Miron et Philippe Delaveau au sein des univers bouleversés préalablement peints par Baltazar. 

 

Jean Cortot a contribué également à plusieurs ouvrages sur Julius Baltazar, dont Regards sur Julius Baltazar en 2000.


 

 

 

 

 

 

 

On peut rêver de partir... Texte de Guillevic illustré par Julius Baltazar et copié par Jean Cortot. Tableau-poème manuscrit, 2009. Exemplaire n. II / IV. (56 x 17 cm).  [Rés. Ms. 2822 (6)]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N.B. : Jean Cortot était le fils du pianiste Alfred Cortot (1877-1962) dont la bibliothèque municipale d'Angers conserve deux lettres adressées au compositeur et organiste Jean Huré ainsi qu'un rare et précieux recueil d'airs musicaux du XVIe siècle, Supérius composé par l'angevin Pierre Cerveau en 1599.

 

 

 

 

 

 

 

 
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