Le premier possesseur de ce livre est Jean de Chabannes, comte de Dammartin (1464-1524). Il est peint sur la page de dédicace, trônant sur une grande chaire, au milieu des siens. Malgré ses deux mariages avec des femmes de sang royal, son parcours fait pâle figure à côté de la carrière prestigieuse de son père, Antoine de Chabannes, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, chef des Ecorcheurs, et l’un des plus grands capitaines et grands officiers des rois Charles VII et Louis XI.
Comme pour compenser sa mauvaise fortune, Jean de Chabannes se réfugie dans la gloire de ses ancêtres dont il fait exalter la vaillance à travers plusieurs livres manuscrits spécialement créés pour lui (conservés à la BnF et au château de Chantilly). Le récit écrit par Houssemaine est de ceux-là. Dans son prologue, l’écrivain annonce vouloir éclairer le comte de Dammartin sur les origines historiques de sa famille et sur sa parenté avec différentes familles royales.
De fait, le récit, présenté comme historique, est une version réduite originale d’une chanson de geste tardive, Theséus de Cologne, où de nombreuses intrigues s’entremêlent à la façon des développements les plus tardifs de la geste arthurienne. Cette œuvre met en scène, parmi de très nombreux personnages, un mythique Assaillant, comte de Dammartin, et son fils Guérard.
A la fin de sa vie, Antoine de Chabannes avait déjà fait réaliser pour sa propre bibliothèque un roman abrégeant l’histoire de Theséus de Cologne en la centrant sur la vaillance des premiers comtes de Dammartin (BnF, fr. 15096). Pour le fils d’Antoine, Houssemaine abrège encore l’œuvre. Sans omettre leurs exploits chevaleresques au service du roi de France, Clovis II, fils de Dagobert, il la centre davantage sur les alliances prestigieuses qui leur permettent de recevoir en récompense le comté d’Anjou, le royaume de Bretagne et de devenir, à la quatrième génération, héritiers de l’empire de Rome et des royaumes de Jérusalem et de Syrie.