Chargement
  • Jean-Adrien Mercier illustrateur : la porte du rêve

Jean-Adrien Mercier illustrateur : la porte du rêve

« Je crois que je suis surtout “illustrateur”. Cela consiste à tout mettre en image. Je pense que rien que le mot “image” évoque le plaisir qu’on a à en regarder. »
 (Le Courrier de l’Ouest, 28 août 1979).

La donation Sylvie Mercier à Angers 

Jean-Adrien Mercier (1899-1995), célèbre pour ses affiches de cinéma de l'Entre-Deux-Guerres, pour ses publicités et pour ses albums pour enfants, n'a jamais oublié sa terre natale. Il y revenait toujours à la belle saison et s'y est établi définitivement à la fin de sa vies. L'Anjou et sa propriété de Châteaubriant, à Sainte-Gemmes-sur-Loire, ont toujours été au cœur de son inspiration. 

Il voulait que son œuvre reste présente à Angers. En 2008, sa fille Sylvie a exaucé ce vœu en faisant donation à la Ville d’Angers, au service des Archives patrimoniales, de soixante œuvres originales, de 1920 à 1991, qui forment une sorte de condensé de la carrière de l’artiste en présentant les différentes facettes de son art. 

La donation a été exposée pour la première fois au public à Angers, salle Chemellier, du 5 juin au 29 août 2010. 

En 2017, pour illustrer plus encore la variété d’inspiration et de techniques de l’artiste, neuf œuvres nouvelles ont été choisies en remplacement de certaines séries d’aquarelles. 

C’est cette nouvelle version de la donation qui est offerte au public, répartie en cinq thèmes : le peintre, l’affichiste de cinéma, le dessinateur publicitaire et le décorateur, présentés au Grand Théâtre ; l’illustrateur, à la Bibliothèque municipale.

Autour du tiers de la donation exposé à la bibliothèque Toussaint, une cinquantaine d'œuvres complémentaires, parfois rares, méconnues ou récemment acquises, retracent la carrière de l'illustrateur de livre. C'est cette facette de son œuvre que vous présente l'exposition virtuelle.

Les aventures de Fourbitou

Vers 1946

Les débuts d'un illustrateur

Si Jean-Adrien Mercier doit sa première et sa plus grande renommée à ses affiches pour le cinéma et pour la publicité, c’est sous le nom d’illustrateur plutôt que d’affichiste qu’il se présentait le plus souvent. Il associait ainsi aux plus célèbres de ses créations une part de son œuvre qui n’a pas encore véritablement retenu l’attention des critiques et des historiens mais qui laisse des souvenirs émus dans la mémoire de nombre d’enfants du baby-boom, l’illustration pour le livre. « Tout ce que j’aime, c’est d’être imprimé. Et toute ma vie, j’ai fait des choses en vue d’être imprimé » déclarait-il à la télévision FR3 Pays-de-la-Loire en 1992. De fait, le monde du livre, sous différentes facettes, accompagne, inspire et diffuse l’œuvre de Mercier tout au long de sa vie.

Formé à s’adapter à tous les supports et à toutes les techniques lors de ses années à l’École des arts décoratifs, Mercier manifeste dès ses débuts un attrait régulier pour le livre. Ainsi, avant qu’il n’obtienne ses premières commandes d’affiches en 1924, la revue Le Papier lui offre en 1923 une première occasion de présenter au public une de ses œuvres, une gravure sur bois, technique à laquelle il s’exerce depuis cinq ans au moins.

Cependant, les 15 premières années de sa carrière sont surtout marquées par le succès de ses affiches pour le cinéma et la publicité. Pour le monde du livre, son art de la synthèse, son goût pour la représentation de la modernité et son sens de l'insertion du texte retiennent l'attention des éditeurs davantage pour illustrer des couvertures de livres de poche que pour accompagner de longs récits.

Elégante à voilette portée en loup

1919

L'entarr'ment du père Taugourdeau

Maquette

1923

Reliure pour Bruel

1923
Cette même année 1923, adhérant à la Guilde des artistes angevins, il réalise pour son fondateur, le relieur et éditeur André Bruel, la maquette d’une reliure mosaïquée et une série de cinq bois pour L’Entarr’ment du père Taugourdeau qui traduisent avec une réelle efficacité toute la verve populaire et l’ironie mordante du poète régionaliste Marc Leclerc. 

Le tournant de 1937-1938

L’année 1937 marque un tournant. À la veille de l’Exposition internationale des arts et techniques, Jean-Adrien Mercier pressent une évolution du goût : « la synthèse ayant atteint son apogée, notre œil a déjà besoin de plus de détails ». Il cherche à sculpter davantage les jeux de la lumière sur ses visages et ses paysages. Sa palette se diversifie, ses veloutés et dégradés s’enrichissent. La diversification de ses techniques (pointe sèche, eau-forte, impressions offset ou quadrichromique) et l’accompagnement de récits par de grands cycles iconographiques servent ces recherches.

Les éditions bibliophiliques des romans de Frédéric Soulié, Le Lion amoureux et de Léon Lascoutx, Tome VIII sont fondatrices de la délicatesse du « style Mercier » qui prévaut dans son œuvre d’illustrateur. Le prospectus de vente du Lion amoureux annonce : « de la gentillesse, de la grâce, de la mélancolie, et une image parfaite de la société de cette époque (...). Un jeune artiste plein d’avenir, qui malheureusement ne se produit pas assez souvent dans le livre, a illustré ces petits tableaux avec beaucoup d’esprit et de talent ».

Le lion amoureux


Travailler pour la revue L'illustration

Eblouissement

1939

Palais nautique de la Naïade endormie

1941
L'année 1938 est décisive. Jacques Baschet, directeur des services artistiques de L’Illustration, invite Jean-Adrien Mercier à participer au très attendu supplément de Noël, traditionnel feu d’artifice de couleurs que la célèbre revue imprime en offset sur ses nouvelles presses de Bobigny. Un des plus gros tirages des revues françaises lui est proposé. Il illustre la nouvelle d’Albéric Cahuet (1877-1942), L’Éblouissement, qui narre deux rencontres, l'une impromptue, l'autre sur invitation, en 1857, entre Saint-Alvaire, un rêveur et poète solitaire et la charmante actrice Grazzia Carlotti. 

Mercier réalise une véritable réécriture en images du récit. Plutôt que d’en suivre scrupuleusement l’ordre et le rythme, l’illustration anticipe le texte. Les représentations de « la descente des Champs-Élysées dans une victoria bleue où le submergeait une mousseuse crinoline », la visite du foyer de danse à l’Opéra de Paris, la réception chez l’actrice à la Chaussée d’Antin apparaissent plusieurs pages avant la narration de Cahuet. Audacieux, l’effet est très réussi. Mercier fait parfaitement naître l’effet d’éblouissement annoncé par le titre : le rêve qu'il a suscité par l'illustration en amont du texte prend enfin corps à la lecture.  Son style s'impose par l’audace du rapport de l’image au texte, par la présence obsédante des crinolines, par l’onirique fa presto à la Fragonard et par la vivacité de la palette. 

En 1941, il illustre de quatorze aquarelles le « conte sous-marin » de Pierre Valmigère, La Naïade endormie, pour le numéro de Noël de L’Illustration qui révèle au grand public les nus féminins si typiques de Mercier. Parmi les différentes peintures proposées à l’éditeur pour cette œuvre, plusieurs manifestaient le goût de Mercier pour les caprices architecturaux . Toutes refusées, elles ont laissé place à une non moins étonnante fantaisie nautique où les naïades naviguent sur de féériques « conques de nacre », premier véhicule imaginaire (après la fusée restée inédite de Pilote D.X.3) d’une série qui culmine dans la collection de menus Dream Cruise de la compagnie de croisière Homes lines en 1970.

Les albums pour enfants

L’année 1938 est aussi celle de sa rencontre avec Alfred Letourneur et les gérants nantais de l’Imprimerie Moderne, Beuchet et Vanden Brugge, à l’équipement offset extrêmement moderne, qui donne une orientation nouvelle à ses créations pour le livre. Près de quarante ans de fidèle collaboration s’ensuivent. S’ouvre alors une période de création pour la jeunesse qui se poursuit avec régularité jusqu’en 1962. Pour sa fille Sylvie née en 1934, Jean-Adrien Mercier imagine des histoires. L’époque est au triomphe de Babar et les éditeurs cherchent de nouveaux Jean de Brunhoff (1899-1937). 

Dans les semaines qui précèdent la guerre, en juillet 1939, Mercier travaille avec Beuchet sur les premiers croquis d’un conte de fées pour créer une nouvelle collection d’albums pour enfants aux éditions Marcus à Paris. Mercier créé plusieurs histoires mises en texte par Bernard Roy (1888-1953). La même année ils réalisent la maquette d’un album pour garçons Pilote D.X.3, prince de l’air, aventure au huitième ciel, projet qui n'aboutit pas. 

Les difficultés de la guerre retardent en effet le lancement de la collection. Letourneur et les éditions Marcus publient en 1941 Sylvie et Jackie, un carnet de poupées à découper, conçu et dessiné par Mercier. Les Trois papillons roses paraissent enfin en mai 1942. Véritable prouesse, qu’accroît la qualité du papier et de la reproduction des couleurs, la collection qu’il appelle de ses vœux voit enfin le jour, en pleine pénurie de création de livres pour les enfants après l’essor des années 1930. Par son luxe, avec ses tirages de tête numérotés sur vélin, elle revendique d’initier les enfants à la bibliophilie. 

La parution de Diki en avril 1943 est suivie en novembre par celle du Rêve de Jean-François, autre conte de Marie-Thérèse Marcus. Mercier met en image en 1944 l’histoire de Toni, roi du cirque, imaginée par Guy des Cars pour la jeune Sylvie. Enfin, Anémone au pays des étoiles, charmant voyage initiatique à travers les beaux-arts qui paraît pour les cadeaux de Noël 1946.

Diki, le rouge-gorge enchanté

En septembre 1942, alors que paraît le deuxième album de la collection, Le Retour de l’hirondelle, il se remet au travail avec Bernard Roy autour de Diki, le rouge-gorge enchanté. Comme à son habitude avec Bernard Roy, Mercier crée les images de ce nouveau conte qu’il a conçu et qu’il raconte à l’écrivain pour qu’il le rédige. Aussi l’artiste n’hésite-t-il pas à demander quelques adaptations du texte dans une lettre remarquable où il décrit tout l’esprit de sa création. Châteaubriant, l'abbaye Toussaint à Angers et la pierre Bécherelle à Savennières servent de cadre à l’histoire. Mercier se met lui-même en scène sous le nom de Jean de La Baumette dans un décor, des costumes et du mobilier Louis XVI. Bernard Roy qui avait d’abord situé son récit sous Louis XV doit redater son texte et rendre toute la préciosité et délicatesse des arts au début de ce règne sans craindre de « trouver quelques tournures de style même désuètes » ou de paraître « trop élégant ». « Je voudrais qu’il ne soit question que de choses élégantes. Du reste j’ai habillé tous les personnages dans quelque circonstance que ce soit en toilette de cérémonie » (lettre de J.-A. Mercier à B. Roy en 1942, Angers, bibl. mun., Rés. Ms. 2157).

Foisonnant après-guerre

[Psyché descendant du miroir à la rencontre de Pierrot]

1949
Au milieu de toutes ces créations de la fin de la guerre, Letourneur et Mercier, toujours soucieux de l’avis l’un de l’autre, sont à l’affût de nouveaux projets éditoriaux. Letourneur propose à Mercier L’Hirondelle qui fit le printemps de Maurice Genevoix en mars 1945, Les Infantillages de La Varende en octobre suivant (archives de l’artiste). En vain : Mercier aime choisir ses textes et ses auteurs. Il imagine à cette époque quelques nouvelles histoires pour enfant restées inédites comme La Fleur enchantée

En 1947, il suggère à Letourneur de commander à La Varende une pièce de théâtre Au clair de la lune qu’il illustrerait pour les fêtes du centenaire de la maison Cointreau. La Varende s’amuse à broder sur le thème de Pierrot et de ses différents portraits depuis Lulli et Watteau jusqu’à Willette en passant par Musset, Nerval, Verlaine et Banville avant d’entraîner tous ses personnages avec une joyeuse fantaisie auprès du Chaperon rouge, de Cadet-Rousselle, de Peau d’Âne, Malbrouck et Suffren en écho aux récentes productions de l’artiste. Quatre épreuves du texte sont aussitôt imprimées (l'une d'elle est conservée à la bibliothèque municipale d'Angers). Mercier entreprend d’accompagner l’œuvre dune vingtaine d'aquarelles, dans une très grande fidélité au texte comme en témoigne Psyché descendant du miroir à la rencontre de Pierrot acquise par la bibliothèque municipale d’Angers (Bibl. mun., Rés. ms. 2388). Malheureusement, l’humour trop grinçant de certaines répliques inquiète l’artiste et l’imprimeur si bien que le projet est finalement abandonné et le texte laissé inédit.

Il travaille aussi à l’illustration de contes traditionnels de Perrault et de la comtesse d’Aulnoy comme Peau d’âne, La Belle au bois dormant et La Belle aux cheveux d’or dont les aquarelles ne paraîtront qu’après sa mort en 1995. 

La Chatte par Colette

Parallèlement, Jean Fayard lui propose avec Colette d’illustrer de trente lithographies une réédition à tirage limité de La Chatte qui paraît en juin 1945. Ce programme généreux et la tonalité du texte bien éloignée du romantisme ou de la féerie des œuvres précédentes offrent à Mercier l’occasion d’exprimer toute la diversité de son talent en une de ses plus belles réussites bibliophiliques. Sur les bandeaux et culs de lampe, les compositions florales esquissées par touches de couleur côtoient mouche et papillon traités avec une précision d’entomologiste. Les paisibles persiennes vertes du pavillon de Neuilly alternent avec les sujets les plus modernes, automobiles et architectures d’immeubles contemporains traitées en grands aplats de couleurs. Quelques traditionnelles études de nu succèdent à une représentation surréaliste des apparitions successives d’un rêve.


La Chatte présente également une illustration en surimpression sur le texte, qui s’inscrit dans une pratique qu’affectionne particulièrement Mercier entre 1942 et 1946 pour répondre à son souci de l’articulation du texte et de l’image, de la couleur et du noir et blanc. Ce jeu graphique, alors peu habituel, trouve un traitement particulièrement réussi dans La Chatte. Jean-Adrien Mercier refuse de mettre en image le moment crucial du roman où la chatte, dans un sauvage feulement, dénonce à son maître la haine que lui voue sa jeune maîtresse qui vient d’essayer de la tuer. Pour exprimer subtilement le tragique de la scène où achève de se briser le couple de jeunes mariés, l’artiste laisse, sur le texte lui-même, l’empreinte humide et accusatrice des pattes de la chatte, la preuve de sa peur, « la sueur de la peur, la sueur du chat, la seule sueur du chat ». Tout l’art de la synthèse efficace et suggestive du grand publicitaire ressurgit ici ! Mais c’est aussi un témoignage remarquable de la profonde filiation intellectuelle qui rattache Mercier aux grands maîtres du XVIIIe siècle, Fragonard, Watteau, dans leur refus de peindre le côté sombre de la vie, car, plutôt que d’illustrer le désarroi des acteurs de la scène, et comme dans l’espoir que leur amour survivra, Mercier choisit de présenter, face aux empreintes de la chatte, les jeunes époux au balcon, devant les feux d’artifices, tendus vers la quête d’une solution ou d’une décision. 

La Chatte - Colette

1945

Retour à la synthèse

Les abandons répétés de différents projets d'illustrations de récits dans les années d''après-guerre sont contemporains d’évolutions prises par Mercier en 1946-1947. À partir de ces années, il raréfie ses créations de grands cycles narratifs d’illustrations de contes ou de romans. Il se met à privilégier les œuvres littéraires courtes, poèmes ou chansons, qu’il transcrit graphiquement en une seule image, renouant ainsi avec l’esprit de synthèse qui prévalait dans l’entre-deux-guerres dans ses productions de frontispice, couvertures ou affiches d’œuvres de fiction.

Fin 1946, à quelques jours d’intervalle avec Anémone, paraissent les éditions illustrées des Nuits de Musset et seize fables tirées des Métamorphoses d’Ovide, dans lesquelles Mercier affirme sa préférence pour une illustration synthétique et moins narrative vers laquelle s’oriente désormais son œuvre bibliophilique.

Letourneur favorise l’artiste dans la réorientation de son œuvre en l’associant au développement d’une certaine bibliophilie publicitaire. Ainsi réalisent-ils tous deux dès avril 1947 un luxueux album publicitaire pour le centenaire des Tanneries Angevines Le Nénaon à Seiches-sur-Loir qui infléchit davantage cet éloignement de l’illustration narrative. En janvier 1949 Letourneur transforme le projet d'une petite plaquette de présentation de Nantes commandée par le Rotary-Club en un volumineux et magnifique ouvrage confié à plusieurs artistes et achevé en décembre 1951 : Nantes, une porte de l'Europe.  Il illustre également le volume publicitaire Pont-à-Mousson en octobre 1954 à l'occasion de la visite des Etablissements par le président de la République. Dans ces ouvrages son talent de peintre de paysages éclate en même temps que son art d'ennoblir les sujets industriels les scènes de la vie moderne.

Pont-à-Mousson

1954

Titre de la ressource

Description de la ressource.

Le triomphe de l'image

Rêves

1990
A partir des années 1950, ses projets narratifs peinent souvent à aboutir. L’exception que semble constituer l’album des chocolats Menier sur Les contes de Perrault s’explique par la liberté avec laquelle Mercier peut librement illustrer neufs contes , sans contrainte de respect de la mise en page du récit tant celui-ci est réduit à sa trame la plus simple. À l’été 1953, le directeur des éditions des Flots bleus, à Monaco, qui avait eu vent des projets abandonnés de 1946-1947 autour des contes, avait en effet proposé de reprendre l’idée sous une forme nouvelle. En moins de six mois, Jean-Adrien Mercier peint cent-vingt scènes que l’Imprimerie Moderne tire en imagettes insérées dans les tablettes de chocolat de goûter Menier que les enfants peuvent coller sur un album édité par les Flots Bleus. À partir de 1956, ces contes ainsi que les illustrations des chansons traditionnelles sont repris en albums accompagnés de disques 45 tours.

Toujours attaché à peindre pour les livres, Jean-Adrien Mercier se détache en fait de plus en plus du texte au point de le faire disparaître. La puissance suggestive de ses images suffit à ouvrir les portes du rêve. Point n'est besoin de récit. L’histoire de Christophe Colomb en six menus pour la Home Line en 1974 en est comme un premier exemple. Cette évolution se parachève dans les deux grands albums qu'il publie lui-même en1986 et 1990, Loire enchantée et Rêves. L’artiste y montre toute la féérie de ces rêves en revisitant avec un plaisir manifeste les thèmes anciens de son œuvre. Les images y règnent sans ombrage, précédées chacune d’une page de titre seulement qui suscite l’interrogation puis l’émerveillement.

Jean-Adrien Mercier n’avait-il pas avoué dès 1939 que « son plaisir secret (...) serait d’illustrer ces livres de bibliophiles qu’on regarde plutôt qu’on ne les lit, qu’on caresse plutôt qu’on (ne) les dévore » ?

Repères chronologiques

1898 (6 juin) : Maurice Mercier, peintre verrier, épouse Geneviève Cointreau, dont le père Édouard est l’inventeur du triple-sec parfumé à l’orange.

1899 (12 août) : Naissance de Jean-Adrien Louis Mercier à Angers.

1914 : Jean-Adrien Mercier en Écosse. Études à la Royal Academy d’Edimbourg.

1918-1919 : Service militaire à Nantes, puis à Paris. 

1920 : À l’école des beaux-arts d’Angers, Jean-Adrien Mercier travaille la lithographie et l’eau-forte avec Charles Berjole.

1921-1924 : Études à l’École nationale supérieure des arts décoratifs. 

1923 : Premières œuvres imprimées, des gravures sur bois.

1924 : Réalise les décors du film Les Aventures de Robert Macaire, mis en scène par Jean Epstein.
Premières affiches publicitaires : foire-exposition d’Anjou, Hôtel de la Croix de Guerre, Kummel Cursky Cointreau…

1925 : Première affiche de cinéma, commandée par Jean Epstein pour Les Aventures de Robert Macaire.

1927 (27 juin) : Épouse à Angers Yvonne Deflandre, originaire de Lille. Elle sera sa muse, son modèle. Leur fille, Sylvie, sera sa seconde inspiratrice.

1929 (août-septembre) : Son affiche pour la bière Maïk est présentée à l’Exposition internationale d’affiches de Munich pour représenter la France, aux côtés de celles de Cassandre, Jean Carlu, Paul Colin, Charles Loupot...

1934-1941 : Très nombreuses publicités pour Cointreau dans L’Illustration et Plaisir de France. Le nouveau Pierrot connaît diverses aventures.

1938-1950 (années) : Nombreux travaux pour les biscuits Lefèvre-Utile (LU).

Repères chronologiques - suite

1942 : La carrière d’affichiste de cinéma de Mercier s’achève avec le film Goupi Mains Rouges
Il a réalisé au total 115 affiches et illustrations publicitaires pour 89 films différents.
Illustration de contes pour sa fille Sylvie : Les Trois Papillons roses ; Diki, le rouge-gorge enchanté ; Le Retour de l’hirondelle.

1945 : Lithographies pour La Chatte de Colette. 
Vice-président du Syndicat des créateurs publicitaires.

1946 : Illustration des livres Anémone au pays des étoiles ; Les Métamorphoses d’Ovide et Les Nuits de Musset.

1949 : Petit album et dépliant pour le centenaire Cointreau.

1950 : Nouveau Pierrot pour Cointreau, primé au concours d’affiches de Paridoc. 

1951 : Illustration de Nantes, une porte de l’Europe, avec neuf autres artistes.

1953 : Les Contes de Perrault, album d’images à collectionner pour les Chocolats Menier. 
Nos vieilles chansons, préface de Jean de La Varende.

1954 : Premiers menus illustrés pour la Compagnie Générale Transatlantique.

1960 : Décor de la salle de jeux des enfants pour la 2e classe sur le paquebot France. 

1975 : Illustration du Roi René, d’Henri Enguehard, imprimé chez Setig-Palussière.

1977 : La Taverne aux Poètes lui attribue le « Chevalet d’or ».

1983 (28 mars) : Décès de son épouse Yvonne. décoration pour Villeroy et Boch d'un service de table, "le Ballon".


Repères chronologiques - Fin


1984-85 : Exposition de vingt-cinq de ses affiches de cinéma à Washington, puis dans plusieurs musées et grands magasins américains.

1986 : Logo et affiche du Festival d’Anjou (jusqu’en 1994). 
Parution du livre Loire enchantée.

1990 : Album Rêves.

1991 (juillet) : Costumes et décors de La Fausse Suivante de Marivaux pour le Festival d’Anjou, pièce donnée dans sa propriété.

1994 : Bouffes Parisiens, Show-Bis, l’une de ses dernières affiches.

1994 : La Ville d’Angers présente salle Chemellier trente de ses affiches de cinéma.

1995 (15 mai) : Décès de l’artiste.

1995 (30 mai-13 juillet) : Exposition rétrospective « Jean A. Mercier affichiste » à Paris, bibliothèque Forney.

1998 : Dation à l’État de 94 affiches lithographiques de cinéma et de 12 aquarelles.

2008 (31 janvier) : Donation de soixante œuvres originales à la Ville d’Angers par Sylvie Mercier.

Bibliographie séléctive

Bertoldi Sylvain, Gautier Marc-Edouard, Jean-Adrien Mercier, la porte du rêve. Donation Sylvie Mercier [catalogue de l'exposition], Angers, Ville d'Angers, 2021.

Bertoldi Sylvain, Gautier Marc-Edouard, Jean-Adrien Mercier. Les couleurs du rêve. Autour de la donation Sylvie Mercier [catalogue de l'exposition], Angers, Ville d'Angers, 2010.

Lelieur Anne-Claude, Bachollet Raymond, Jean A. Mercier affichiste. Cinéma et publicité, Paris, Agence culturelle de Paris, 1995.

Camard Florence, Cinéma. Jean A. Mercier, affiches, 1926-1937 [vol. 2], Paris, Gallimard, 1995. 

Capitaine Jean-Louis, Cinéma. Jean A. Mercier, affiches, 1925-1942 [vol. 1], Paris, Gallimard, 1994.

Crédits

Exposition virtuelle créé à l'occasion de l'exposition "Jean-Adrien Mercier : la porte du rêve. Donation Sylvie Mercier" présentée au Grand Théâtre d'Angers jusqu'au 31 décembre 2021 (affichiste, publicitaire et décorateur) et "Jean-Adrien Mercier l'illustrateur" à la médiathèque Toussaint du 10 février au 22 septembre 2021. 


Commissariat :  Sylvain Bertoldi, conservateur en chef du patrimoine, directeur des Archives patrimoniales de la Ville d'Angers. Marc-Edouard Gautier, conservateur en chef, responsable des fonds patrimoniaux des bibliothèques municipales d'Angers.


Conception et textes : Susana Pereira Tavares pour la Bibliothèque municipale d'Angers, d'après l'étude de référence de Marc-Edouard Gautier, chapitre 3 du catalogue de l'exposition Jean-Adrien Mercier, la porte du rêve, Angers, 2021, p. 34-51.

Numérisation des documents : Bibliothèque municipale d'Angers