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  • Jean-Pierre Geay, poète de la lumière et de l'éphémère

Jean-Pierre Geay, poète de la lumière et de l'éphémère

Une donation exceptionnelle

Une longue aventure éditoriale et bibliophilique

Une donation exceptionnelle

            De mars 2011 à octobre 2013, Jean-Pierre Geay, agrégé de lettres modernes, poète et historien de l’art a donné à la Bibliothèque municipale d’Angers plus de 3000 documents, livres, dossiers d’archives, peintures, dessins et gravures, pour rassembler dans un fonds de conservation toute son œuvre poétique et critique et les archives expliquant ses collaborations avec une quarantaine de peintres ou de graveurs ayant illustré son œuvre.


            Le choix d’Angers s’est fait à l’instigation du peintre et graveur angevin, Bernard Alligand avec lequel Jean-Pierre Geay a le plus longtemps collaboré. Connaissant la qualité de l’œuvre bibliophilique de Jean-Pierre Geay et regrettant la perspective de sa dispersion, Bernard Alligand a convaincu son ami poète d’envisager une donation de l’ensemble de son œuvre et lui a suggéré de la rassembler aux côtés du fonds que lui-même avait créé en 2009 à la bibliothèque municipale d’Angers.

      

Jean-Pierre Geay, À la lueur d’une lampe qui veille. Collages de papiers déchirés de Pierre André Benoit

Manuscrit, 1983.

Un fonds de plus de 3000 documents

Livres et placards imprimés

142 livres ou placards imprimés depuis 1969 à quelques dizaines d’exemplaires, rehaussés de peintures ou de gravures originales de ses amis peintres

Livres et placards manuscrits

203 textes édités depuis 1971 sous la forme de livres ou placards manuscrits enluminés de peintures, collages ou dessins originaux de ses amis peintres

Livres reliés

98 exemplaires de son œuvre conservés dans des reliures d’art réalisées depuis 1986

Le plan de classement du Fonds Geay dans le catalogue général de la bibliothèque municipale d'Angers : Fonds Geay

Archives

  • 580 livres provenant de sa bibliothèque poétique...
  • 1 mètre linéaire de brouillons et de maquettes préparatoires...
  • plus de 1800 lettres échangées avec plus de 230 correspondants
  • photographies, affiches, cartons d’invitation, catalogues et archives diverses

Diversité et unité d'une œuvre :

« L'insaisissable à tout moment frôlé »

            Les poèmes de Jean-Pierre Geay constituent naturellement le cœur des œuvres illustrées par ses amis artistes.


            Mais son écriture poétique s’accompagne d’une conscience perpétuellement aiguisée de ce qu’est la poésie. Il écrit ainsi tout au long de sa vie, en de brefs aphorismes, des méditations sur l’art poétique. Quoique d’une forme plus libre, moins fortement rythmée, elles font partie intrinsèque de l'œuvre poétique. Quand bien même le poète ne revendique pour elles aucune préoccupation lexicale, son alphabet reste le même et elles projettent une vive lumière sur le creuset où se forment ses images. Elles sont à ce point filles de poésie que Jean-Pierre Geay leur fait suivre le même parcours éditorial qu’à ses poèmes et les offre tout autant à illustrer à ses amis artistes en édition manuscrite ou imprimée.

Jean-Pierre Geay. S'envoler parmi les nuages. Collages de Roger Dérieux

Manuscrit, 2012.

Diversité et unité d'une œuvre :

La critique sur la création artistique contemporaine

Jean-Pierre Geay. Nous ne saurons jamais. Collages de PAB.

PAB, 1974.


        De la même manière, Jean-Pierre Geay développe une très sensible critique sur la création artistique contemporaine, née de ses réflexions sur le style et la quête créatrice des peintres et graveurs avec lesquels il collabore. Jean-Pierre Geay aime voir ses amis à l’œuvre dans leur atelier. Il s’y voit comme dans un miroir et est porté par eux à élargir sa réflexion sur la création artistique et sur l’inspiration. Comme ses notes sur la poétique, la plupart de ses essais critiques font l’objet d’éditions bibliophiliques manuscrites ou imprimées, ornées d’œuvres originales de ses amis, et sont parfois reliées.      

Diversité et unité d'une œuvre :

L'inspiration poétique

Jean-Pierre Geay. Littoral. Gravure de James Guitet.

Impr. Guigou, 1978.

            La diversité des textes de Jean-Pierre Geay qui font l’objet d'éditions bibliophiliques montre combien l'intégralité de son œuvre est hantée – et simultanément unifiée – par la réflexion sur les origines de la création artistique, par l'introspection sur cet insaisissable feu intérieur qui le presse d’écrire et qu’il reconnaît chez ses amis. Cette interrogation est ancrée dans toute sa poésie et s'y retrouve constamment.


            Derrière les paroles adressées à l'aimée, si présente dans les œuvres des années 1970, derrière les paysages vibrants des Bondissantes Alpilles ou « le pays de pauvreté » de l’Ardèche, derrière le difficile partage des souvenirs et des rêves qui manquent de se confondre avec l’inspiration, derrière la mer et la nuit, hostiles ou fécondes, derrière la lumière, la neige, les lignes et les ombres qui animent l’espace, derrière le passage éclairé et « les appels auxquels tu n'as pas répondu » (Ciels de terre), ce sont toujours l'inspiration poétique, sa lumineuse fulgurance, ainsi que la naissance du poème qui sont explorées, approchées, circonscrites par leur subtile mise en abyme imagée.      

Une longue aventure éditoriale et bibliophilique :

Une solitude volontaire pour préserver l'ardeur poétique

Le parcours éditorial des œuvres de Jean-Pierre Geay fait apparaître des périodes d’intense collaboration avec différents éditeurs, entrecoupées d’associations plus éphémères et d’années d’isolement.

Fin connaisseur de l’œuvre poétique et bibliophilique de Pierre Reverdy, initié à l’art de la typographie et de la mise en page par l’éditeur et mécène lyonnais Francis Deswarte qui le publie de 1969 à 1975, Jean-Pierre Geay acquiert très tôt la conviction que les poèmes, qui conservent les dons que lui accorde la Poésie, doivent reposer dans des livres très soignés faisant appel aux interventions originales de peintres ou de graveurs.

Jean-Pierre Geay. Malgré le temps. Peinture de Jacques Le Roux.

Deswarte, 1975.



Très actif dans plusieurs revues de poésie, il connaît de premiers succès et un accueil très favorable jusqu’en 1975. Mais il ressent alors la nécessité de rompre avec les mondanités littéraires et de se ressourcer dans les paysages de Provence pour préserver l’authenticité de son ardeur poétique. Cette solitude volontaire explique sa volonté de ne publier dès lors que dans un cercle restreint d’amis où dominent les peintres en qui il trouve comme un miroir de son geste créateur : ut pictura poesis.              

Une longue aventure éditoriale et bibliophilique :

Ut pictura poesis : l'amitié des peintres

Jean-Pierre Geay. Parcours. Gouache originale de Jean-Jacques Morvan.

Deswarte, 1972.

Les collaborations sont des plus nombreuses, avec les Lyonnais Jacques Truphémus et Paul Siché, le peintre de la marine Jean-Jacques Morvan, Marcel Dumont, Jacques Le Roux, James Guitet, Jean-Marie Fage, Marcel Roy, Pierre André Benoit, les peintres et maître-verriers Brigitte Simon et Charles Marq, Patrice Pouperon, le Luxembourgeois Roger Bertemès, Chantal Giraud, la Belge Nathalie Dasseville, les Allemands Hans Steffens et Dagmar Martens, Henri Goetz, Henri Laugier, le Brésilien Arthur-Luiz Piza, Bernard Alligand, Nadia Garouste de Clauzade, l’Égyptien Abou El Naga, Roger Dérieux, Roger Druet, Yves Mairot, Thierry Lambert, etc.

Jean-Pierre Geay. Une présence infinie. Peinture de Marcel Dumont.

La Balance, 1986.

Une longue aventure éditoriale et bibliophilique :

Éditeurs et typographes

            La période d’intense collaboration avec l’éditeur, peintre et poète Pierre André Benoît porte les meilleurs fruits (1982-1985). Elle se déploie dès 1984 à travers la participation aux éditions naissantes de La Garonne et de La Balance, cadre dans lequel Jean-Pierre Geay rencontre le peintre et graveur Henri Goetz qui marque très profondément son œuvre. Roland Bauza, maître-imprimeur, ancien typographe de l’atelier de Louis Jou, devient le compagnon d’une nouvelle période (2000-2005), à laquelle succède, après une période de renouvellement de l’écriture poétique, la collaboration avec l’imprimeur et éditeur Laurent Né depuis 2010.             





Jean-Pierre Geay. Ici et n'importe où. Aquarelle d'Yves Mairot. Typographie de Roland Bauza.

L'Atelier du mot, 2002.

Une longue aventure éditoriale et bibliophilique :

Livres manuscrits peints

Jean-Pierre Geay. Poèmes [Extraits de Seul rivage accordé]. Gouache aquarellée de Marcel Roy.

Manuscrit, 1980.
Une des originalités fortes du fonds réside dans les éditions en livres manuscrits peints. Cette habitude de calligraphier et de faire enluminer ses textes avant de chercher à les faire imprimer s’inscrit nettement dans la tradition des manuscrits inédits et peints de René Char. Le poète sollicite souvent le même artiste pour l’édition manuscrite puis imprimée d’un même titre, le choix de l’artiste se faisant bien souvent selon la tonalité ou la thématique majeure du texte. Mais les peintres n’hésitent pas à se renouveler largement entre ces deux types d’édition d’un même texte.      

Une longue aventure éditoriale et bibliophilique :

Les reliures d'art

Autre particularité du fonds, la richesse des livres reliés. L’initiative d’habiller ses livres de reliures d’art n’est pas venue de Jean-Pierre Geay dans un premier temps, mais de relieurs qui souhaitaient entrer dans un dialogue avec le poète et son œuvre : il s’agit successivement de Chantal Sevin-Gerbay (1986-1990), de Pascal et Martine Seigneur (1991-1994), de l’Atelier de la Ribiane (1999-2005), de Martine Mélin (2003-2005), et d’Odette Gros-Paoli.      

Jean-Pierre Geay, Attentif. Collages de Bernard Alligand. Reliure plein chagrin corail de Martine Mélin.

La Balance, 1996.

Les amis artistes

Un beau livre sur l'œuvre poétique

et bibliophilique de Jean-Pierre Geay

Marc-Édouard Gautier. Jean-Pierre Geay, poète de la lumière et de l'éphémère.

Ville d'Angers, 2016

Un beau livre offre une très substantielle introduction à la poétique de Jean-Pierre Geay présentée par Daniel Leuwers, professeur émérite de littérature contemporaine à l’université de Tours. Des notices  commentées de tous les livres manuscrits, imprimés et reliés de Jean-Pierre Geay présentent ensuite  l’ensemble de la donation.

 

Jean-Pierre Geay, poète de la lumière et de l’éphémère, par Marc-Edouard Gautier, avec une introduction de Daniel Leuwers. Angers : Ville d’Angers, 2016. 335 pages, 200 illustrations en couleur.
ISBN : 978-2-85575-100-9
Prix de vente public : 23 euros (remise sur demande pour les librairies). 


Les auteurs :
Daniel Leuwers
, professeur émérite de littérature française, Université de Tours. Responsable scientifique du colloque Présence de Jean-Pierre Geay.
Marc-Édouard Gautier, archiviste-paléographe, directeur adjoint et conservateur des fonds patrimoniaux de la bibliothèque municipale d'Angers, historien du livre. Commissaire de l'exposition.
 

Vente et diffusion 

Sur place à la bibliothèque municipale d'Angers.
Possibilité de commande auprès de la bibliothèque : bibliotheque(at)ville.angers.fr ou 02.41.24.25.50

      

Parages et confins

Notice de Jean-Pierre Geay dans Wikipédia

Plan de classement du Fonds Geay :


Ouvrir dans le catalogue de la bibliothèque municipale d'Angers      

Un film documentaire

expliquant la démarche de l'artiste :


Habiter l’espace. Jean-Pierre Geay et ses amis peintres, film documentaire réalisé par la vidéaste Thésée.

Ce film explique la démarche du poète avec ses amis peintres. C’est un dialogue entre les images des œuvres peintes et les textes poétiques, nourri des témoignages de l’artiste, d’anecdotes, de commentaires et de lectures poétiques (durée 1 heure).


Voir le site de Thésée

      

Repères biographiques (1941-1969)

1941 : naissance à Bruailles (Saône-et-Loire).

1943 : décès de son père des suites de la guerre à l'Hôpital militaire de Mâcon.

1944-1952 : enfance dans la campagne de Bresse.

1954 : premières lectures de Rilke, Hölderlin, Breton, Eluard, Char et Reverdy.

1959 : découverte de la mer à Anglet (Pyrénées-Atlantiques).

1960 : découverte de la Provence et notamment de L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse).

1960-1969 : études de lettres modernes et d'histoire de l'art à la faculté de  yon.

1962 : rencontre avec Armand Henneuse qui publie un recueil de ses poèmes, L'ombre crédule.

1964 : mariage avec Françoise Brunet.

1965 : premiers poèmes publiés dans les revues de poésie, Cahiers de la Licorne et Pont de l'épée, extraits d'un projet de recueil intitulé Visage des origines. Rencontre avec Yves Mairot à Lyon.

1967 : diplôme d'études supérieures de lettres modernes. Mémoire sur La quête du réel dans l'oeuvre poétique de Pierre Reverdy.

1969 : Rencontre avec l'éditeur lyonnais Francis Deswarte. Premiers poèmes illustrés : Basse Saison avec une gravure de Jacques Truphémus, édité par Deswarte, et La mer promise, par Paul Siché publié dans la revue Fénix.

Jean-Pierre Geay.

Portrait photographique à Lyon, au Caveau, réalisé par Rajak Ohanian sur une commande d'Armand Henneuse,.mars 1962

Repères biographiques (1970-1990)

Jean-Pierre Geay.

Portrait par André Noyer, septembre 2003

1970 : destruction d'une partie des poèmes écrits avant 1968. Première rencontre avec René Char. Découverte des Alpilles et des Baux-de-Provence. CAPES puis agrégation de lettres modernes. Nommé professeur à l'Ecole normale de Privas en Ardèche.

1970-1995 : séjours réguliers à L'Isle-sur-la-Sorgue pendant les vacances.

1971 : rencontre avec Marcel Dumont.

1971-1979 : membre des équipes de recherche de l'Institut national de recherches pédagogiques (INRP) à Paris.

1972-1980 : responsable avec Michel Pontier des expositions au Théâtre de Privas où ils présentent les oeuvres d'Estève, Lapicque, Deyrolle, Pierre André Benoit, Dewasne, Guitet et Zao Wou Ki.

1973 : fonde avec René Daillie la revue de poésie Solaire. Rencontre avec James Guitet et Pierre André Benoit. Premier livre de critique d'art, Marcel Dumont.

1975 : démission de la direction de Solaire. Premier recueil collectif de ses poèmes, Jour pour Jour (éditions Rougerie).  

1979-2002 : professeur de lettres à Aubenas (Ardèche). Refus des postes qu'on lui propose dans les universités de Lille puis de Strasbourg.

1982-1985 : intense collaboration éditoriale avec Pierre André Benoit. Édition du recueil Le point fatidique.

1984 : rencontre avec Jean-Louis Meunier qui devient son éditeur principal de 1985 à 1997 (37 livres aux éditions La Balance).

1985 : rencontre avec Henri Goetz qui devient son principal illustrateur jusqu'en 1989. Recueil collectif de ses poèmes, Le pays traversé (éditions Rougerie).

1988 : édition chez Robert et Lydie Dutrou de Chemins de la forêt, illustrée par Henri Goetz, préfacée par Vercors.

1989 : chevalier des Palmes Académiques. Décès d'Henri Goetz. Parution de son livre Goetz aux éditions du Cercle d'art. Première édition chez Jacques Matarasso (5 livres jusqu'en 1997). 

Repères biographiques (1991-présent)

1991 : installation au Feschet, à Vesseaux en Ardèche.

1992 : rencontre avec Bernard Alligand.

1997 : promu officier des Palmes Académiques. Rétrospective de son oeuvre bibliophilique à Privas.

2000 : rencontre avec Roland Bauza, ancien typographe de l'atelier de Louis Jou, qui devient son éditeur principal de 2000 à 2005 (18 livres aux éditions Atelier du Mot).

2004 : chevalier de l'Ordre national du Mérite. Rencontre avec l'éditeur Jean- Pierre Huguet (4 livres entre 2005 et 2007).

2010 : chevalier de l'Ordre des Arts et Lettres. Rencontre avec l'imprimeur et éditeur Laurent Né (9 livres aux éditions Index entre 2010 et 2013).

2011-2013 : série de donations en vue de la création du fonds Jean-Pierre Geay à la bibliothèque municipale d'Angers.

Jean-Pierre Geay à l'Atelier du Mot - Eygalières - 7 janvier 2005

Photographie de Roland Bauza.

Crédits

Conception et textes : Bibliothèque municipale d'Angers 

Numérisation des documents : Bibliothèque municipale d'Angers